Jacky Rigaux était de retour pour animer cette soirée consacrée aux grands vins issus du Chardonnay de Bourgogne et du Jura. Une thématique de dégustation originale et évidente à la fois, qui a passionné l’ensemble des participants. Certes, il était relativement facile, à l’aveugle, de déceler la provenance des différents vins proposés, tant sur le plan visuel qu’olfactif, et donc de savoir qui était qui ! Pourtant, le match entre ces deux terroirs presque voisins, mais si différents, a permis de conforter une intuition, devenue certitude : il se produit aujourd’hui dans le Revermont de grands chardonnay qui, bien d’un style différent, sont loin d’être « ridicules » à côté de leurs illustres modèles.
Après une splendide envolée sur les gourmets et la dégustation géo-sensorielle (voir vidéo ci-dessous), Jacky Rigaux a commenté les séries suivantes. Son introduction fut aussi l’occasion de rappeler les fameux descripteurs des gourmets qui tâtaient le vin en bouche :
Texture,
consistance,
souplesse (flexibilité de la consistance)
viscosité
vivacité
JR géosensoriel from Jacques Perrin on Vimeo.
A1 Arbois Pupillin « Caillot » 2011 Domaine de la Borde
La robe est pâle. Nez discret. Notes boisées. Très jolie bouche, ciselée, pas très large, notes florales, touche d’ambre, curry. C’est un vin incisif et tonique, doté d’une très jolie finale. Rapport prix/plaisir idyllique pour ce vin issu d’une vigne sur Pupillin.
A 2 Chablis 1er Cru Butteaux 2011 Thomas Pico
Robe à reflets dorés. Nez expressif, associant un côté légèrement crayeux aux agrumes. Corps ample, belle consistance, qui affirme une très belle présence. Il s’ouvre lentement à l’aération. Merveilleuse rétro-olfaction avec une finale saline qui vibre en intensités harmoniques. Une superbe réussite à porter au crédit de Thomas Pico, jeune vigneron de grand talent !
B1 Pouilly-Fuissé Clos Varambon 2010, Château des Rontets
Robe pâle. Très joli nez, très cristallin, pur. On sent le côté très calcaire au nez. Belle attaque, tranchante. Le milieu de bouche est souple, équilibré. Finale sur une consistance d’une belle souplesse. Il a un côté très cristallin, très stylé en bouche avec beaucoup de vivacité. Finale sur une consistance d’une belle souplesse.
B2 Côtes du Jura « Les Corvées sous Curon » 2010, Domaine de La Tournelle
Robe à reflets légèrement dorés. Le nez est intéressant, avec une certaine profondeur, un peu plus sur le bois. Mélange étonnant de minéral dans la trame acide et de fruit intense, légèrement exotique, très belle longueur finale. Plus d’ampleur, plus de finale. Il finit un peu rustique
L’auditoire est partagé entre les deux vins.
C1 Meursault Les Luchets 2011, Domaine Roulot
Robe très claire. Nez fleurs blanches avec une belle sensation de minéralité. Encore sur la retenue. Agrumes. Touche poivrée. Corps vif, élancé, un peu sur la constriction actuellement avec une très jolie finale florale.
C’est un vin qui va faire la spirale ascendante, qui aujourd’hui est encore sur la minéralité.
C2 Côtes du Jura En Chalasse 2010, Fleur de Marne, domaine Labet
Ce vin issu d’une vigne de 60 ans sur Rotalier (terroir d’argiles bleues du lias) a enthousiasmé de nombreux dégustateurs.
Très belle entrée en bouche, expressive, de la vibration de fruit. C’est un vin, dense, et stylé, avec une belle envolée finale, soutenue et complexe. Une réussite !
D1 Arbois La mailloche 2008, Stéphane Tissot
La robe présente de légers reflets orangés. Très « jurassien » au nez, avec un côté curry et grillé. Belle matière première, ample, mais finale étrange, sur des notes de noix et de rancio entêtantes. S’il s’agit d’une oxydation voulue, on a de la peine à croire qu’elle soit voulue comme telle, i.e. ménagée.
D2 Chablis 1er Cru La Forest 2008, Vincent Dauvissat (magnum)
Robe à reflets verts. Nez sur la retenue. Grande race, stylé, énergique, fuselé, beaucoup de salinité. Finale très pure, expressive, sur le minéral et le fruit. Grand vin !
E1 Côtes du Jura Les Chalasses 2010, vieilles vignes, J.-F. Ganevat (en magnum)
Robe à légers reflets jaunes. Le nez est peu expressif au départ. Fruits jaunes. Belle maturité du fruit. C02 perceptible. bouche souple, belle consistance, sensation de sucrosité finale, qui le dissocie un peu et lui coupe la finale.
E2 Meursault Clos des Ambres En l’Ormeau 2007 Arnaud Ente
Robe pâle, nez très cristallin, malgré une touche boisée. Belle ligne en bouche, élancée, c’est un vin un peu cérébral, tendu.Il est incisif, nerveux, avec un très jolie sensation tactile et finit sur un côté eau de roche. C’est un grand vin qui a besoin d’un peu de temps pour s’ouvrir. Finale très stylée, très pure.
F1 Chassagne-Montrachet 1er Cru Morgeot 2007 Henri Germain
Nez sur des notes de fruits mûrs, de marron glacé, de bois sur fond floral. Très sapide, étonnamment ciselé pour un Morgeot (mais il est sur la partie la plus calcaire), il finit sur une belle tension. Magnifique vin de gastronomie.
F2 Côtes du Jura 2010, Les Grandes Teppes Vieilles vignes, J.-F. Ganevat
Robe dorée. Nez expressif. Un peu alourdi par l’élevage. Notes vanillées. Attaque fruitée. Très expressif, un peu exotique, c’est gras, ample, du volume. Style très mûr, exubérant, un peu baroque.
G1 Arbois 2008 Clos de la Tour de Curon, Stéphane Tissot
Au premier nez, on identifie sans problème sa région de provenance.. Notes exotiques, avec un côté gentiane, note d’ambre. Entrée en bouche incisive et expressive : notes de fleurs sèches étonnantes. Bouche, racée, ascendante, bourrée d’énergie. Très belle longueur, sur des impressions salines. Très beau vin qui dans un style certes moins raffiné soutient la comparaison avec le vin suivant.
G2 Meursault-Charmes 1er Cru 2008, Comtes Lafon
Robe à reflets légèrement dorés. C’est l’antithèse par son côté suave, fondant, légèrement gras. C’est l’épitomé d’un grand Charmes, un vin qui porte d’une manière flamboyante l’étendard de son climat et finit suave, irrésistible, fusionnel. Tout est parfaitement en place sur ce vin, profond et caressant. Là où tout n’est que luxe, calme et volupté !
Merci à Jacky Rigaux qui, dans son style communicatif et pédagogique, a animé avec panache cette très belle soirée.
Merci à Nicolas Herbin pour la préparation, le choix des vins et la constitution des séries !
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5 Comments
Beau Butteaux 2011 de Pattes-Loup pour moi la semaine dernière.
Minéralité vouvrillonne, pour une partie du groupe.
Sachant que certains millésimes s’expriment un peu comme du manseng (Thomas Pico en convenait lors d’une belle visite au domaine).
Tu parles de 2008 et 2010 chez Thomas ?
Pour moi la révélation de la soirée – ou plutôt confirmation car j’ai souvent aimé ce qu’il fait en chardo – était le vin de Julien Mareschal, Domaine de la Borde. Rapport qualité/prix imbattable, et surtout talent !
Le Chalasse de Labet goûtait plus équilibré à ce stade que celui de Fanfan Ganevat , il fut mon coup de coeur de la soirée.
Ma remarque était aussi pour dire que les vos derniers papiers étaient reliés (géosensorialité et cognition du vin).
Pour la note exotique/acide, je pensais en particulier à Montmains 2008 dégusté avec Thomas Pico au domaine.
J’ai pu croiser de trés beaux 2010 du Jura en dégustant avec Pierre Citerne. Voir que l’appréciation des vins d’Overnoy, Labet et Ganevat 2010 (très beaux en styles différents) change beaucoup d’un jour à l’autre et aussi d’une période à l’autre de l’année.
Mon dernier choc récent en chardonnay : Dauvissat Clos 2007 : magistral !
Goûté un formidable Clos des Ambres 2007 d’Arnaud Ente hier soir, me rappelant un peu le style dynamique de Roulot.
Il y avait à côté un non moins superbe Meursault Perrières 2007 de Dancer, profond, plus intériorisé, de probable longue garde.
Je n’ai jamais eu l’occasion de goûter encore… Mais vu ce que vous en dite, ça ne serait tarder !!