ean-Denis Perrochet protégeait déjà ses 10 ha de vigne de l’oïdium avec du petit lait après la floraison. Depuis 2019, il utilise aussi du lait frais écrémé pour prévenir le mildiou. « J’en ai eu l’idée à Angers juste avant le salon Saint-Jean en discutant avec un collègue toscan lors de l’Assemblée générale de l’association renaissance des appellations dont je fais partie » relate-t-il.
L’Italien lui a expliqué que depuis 7 ans, il avait remplacé tous ses traitements au cuivre par des pulvérisations de 8 litres par hectare de lait écrémé conservé dans une chambre froide depuis la traite de la veille.
Suivant ses conseils, Jean-Denis Perrochet s’est fourni chez un éleveur laitier installé à 10 kms de chez lui, à Auvernier, sur le flanc sud du Jura, pour 2 francs suisses du litre (1,8€).
Pour ses premiers essais, le vigneron a traité 25 ares de chasselas planté en bas de talus avec un atomiseur à dos en pulvérisant du lait des deux côtés du rang. « Je suis passé 10 fois de manière préventive en fonction de la croissance de la vigne et des cumuls de précipitation » explique-t-il.
« La vigne prend une légère couleur blanche mais il n’y a rien de spectaculaire. La seule chose qui change c’est que l’on peut goûter la cuve avant de lancer le pulvé » plaisante-t-il.
Pour jouer la sécurité, il est monté à 12 litres par hectare autour de la floraison. « C’était une mauvaise idée. La vigne s’est crispée, les feuilles se sont durcies et légèrement recourbées » se souvient Jean-Denis Perrochet. Tout est rentré dans l’ordre au bout de deux semaines lorsqu’il est repassé à 8L/ha.
En fin de campagne, ces 25 ares étaient totalement indemnes de mildiou, contrairement à d’autres parcelles traitées au cuivre à moins de 100 mètres.
L’an passé, le vigneron a recommencé sur 1,4 ha de chasselas et de savagnin blanc avec un engin pneumatique Cima tracté pulvérisant à gauche et à droite un rang sur deux. « J’ai traité une première fois avec le lait le 8 mai même s’il faisait encore frais car il était tombé 90 mm les 10 jours précédents » se rappelle Jean-Denis Perrochet. Sur le reste du domaine, il a démarré le 18.
Jusqu’au 8 août, il a réalisé 11 traitements au lait et 10 au cuivre. « J’ai appliqué un total de 96 litres de lait sur les parcelles d’essai et 1,980 de cuivre métal par hectare ailleurs ».
Jean-Denis Perrochet a vu quelques tâches de mildiou apparaître sur les parcelles protégées au lait après les pluies du 24 mai. « J’ai compris pourquoi en discutant avec mon conseiller viticole. Il fallait que j’arrête d’utiliser des huiles essentielles pour prévenir l’oïdium en même temps. Leur pouvoir désinfectant rendait les bactéries lactiques inefficaces ».
Une fois les huiles essentielles remplacées par 3 kg/ha de soufre, le vigneron n’a plus connu de déboires. « Quelques tâches sont revenues après les 70 mm du 21 juillet, mais sur les parcelles protégées avec du cuivre aussi » indique-t-il.
Jean-Denis Perrochet a fait le rendement, aussi bien dans ses vignes protégées avec du lait que dans celles protégées au cuivre. En revanche, il n’a rien tiré des 3 rangs gardés comme témoins non traités au bord d’une des parcelles de l’essai. « La situation a complètement décroché après le sixième traitement, autour de la floraison ».
Cette année, il utilisera le lait écrémé sur 2,8 hectares. Il le testera aussi sur du pinot noir. Les techniciens de la station viticole du village suivront ses essais. « J’ai eu du mal à les convaincre. Ce n’est pas facile de sortie de l’agrochimie » regrette-t-il.